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Construire l´air. Architecture et design gonflables, 1960-1975

CENTRE POMPIDOU MALAGA

Klaus Pinter, The Cocoon, 1971, Photomontage composé d’un tirage offset, de tirages argentiques, de zip, rehaussés de crayons de couleur, 51,5 × 63,5 cm [détail]
© Centre Pompidou Photo © G. Meguerditchian / DIST. RMN-GP

Du 8 novembre 2018 au 10 février 2019, le Centre Pompidou Málaga présente Construire l´air. Architecture et design gonflables, 1960-1975, une exposition inédite s’attachant à présenter l’engouement suscité, sur cette période, par les structures gonflables dans les champs du design et de l’architecture.

Investissant alors la rue et l’espace domestique, légers, mobiles et colorés, les gonflables font écho aux espoirs de changement de la société et des modes de vie de cette époque traversée par les contestations. L’aura technologique que leur confèrent les nouveaux matériaux plastiques donne à penser que le futur est à portée de main.

Les architectes et designers créent du mobilier à l’échelle industrielle (en France A.J.S. Aérolande, Quasar, Bernard Quentin, en Italie De Pas, d’Urbino, Lomazzi). D’autres créateurs investissent l’espace urbain (les Autrichiens Hans Hollein ou Haus-Rucker-Co),

ou la nature, avec des visées écologistes (la mer pour Jacques Rougerie, le désert pour Graham Stevens).

Certains architectes imaginent des projets de villes entières, des mégastructures (Archigram) ou encore des capsules qui seraient reliées aux réseaux urbains (les Nalbach). Deux grandes expositions marquent cette histoire : Structures gonflables, réalisée par le groupe Utopie à Paris en 1968, qui dresse un bilan des différents types de productions, et l’Exposition universelle d’Osaka en 1970, où des structures pneumatiques monumentales sont présentées, rivalisant d’ingéniosité technologique.

À partir de 1975, l’engouement pour les gonflables va progressivement s’estomper, principalement pour des raisons économiques, climatiques, techniques et écologiques.

Au-delà de ces explications rationnelles, ne serait-ce pas également dû à l’essoufflement de l’esprit de liberté, d’utopie et de contestation de la société capitaliste ? Une question encore toute actuelle.

Articulée autour de grandes sections, « Imaginer la ville », « Construire avec l’air »,

« Habiter gonflable » et « Investir l’espace public », l’exposition réunit un ensemble exceptionnel de plus de 200 pièces dont de nombreuses maquettes, des dessins, photographies et vidéos, des objets et documents, issus des collections du Musée national d’art moderne (collections architecture et design, Bibliothèque Kandinsky, Cabinet d’art graphique).

L’EXPOSITION

1.     IMAGINER LA VILLE

Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, les villes se dotent de grands ensembles pour faire face au phénomène d’accroissement démographique. Face à cette architecture standardisée, des alternatives apparaissent, dans un contexte de contestation de l’ordre établi et de volonté de libération de l’individu. Certains architectes puisent leur inspiration dans le registre utopique en s’appuyant sur les innovations technologiques.

Plastiques et structures pneumatiques répondent à un idéal de facilité de mise en œuvre, de légèreté et de reproductibilité. L’habitat peut alors se construire rapidement, adapter sa morphologie aux changements de configuration et parfois même se déplacer. Mobilité, stratification, structure et flexibilité deviennent les grandes préoccupations théoriques de la définition de la ville. Face à la contrainte du manque d’espace sur terre, on rêve d’une architecture sous-marine ou encore d’immenses structures gonflables et aériennes

« greffées » aux bâtiments existants ou à des « mégastructures ».

Pensées comme une seconde peau, les structures gonflables permettent la création de

« cellules » d’habitation qui fonctionnent comme une extension technique du corps humain. Si ces projets demeurent souvent théoriques, ils auront permis, par leur désir de changement de la société et leur esthétique pop, d’élargir l’imaginaire de la discipline.

Jacques Rougerie Village sous-marin, ferme, musée, Pulmo, Centre à grande profondeur, 1971-1974
Pavillon d’exposition, plan, coupe, perspective et perspective intérieure

Encre de Chine et films autocollants sur calque
© Jacques Rougerie / Photo © G. Meguerditchian – Centre Pompidou, MNAM-CCI / Dist. RMN-GP
Gernot Nalbach, Low-cost House (ou Pneumatic House) 1961 – 1962
Plastique, métal et carton / 143 x 33,5 x 33,5 cm
© DR / Photo © G. Meguerditchian – Centre Pompidou, MNAM-CCI / Dist. RMN-GP

2.     CONSTRUIRE AVEC L’AIR

Au tournant du 20e siècle, la maîtrise des technologies pneumatiques donne lieu à de expérimentations dans les domaines militaire et aéronautique. Ce n’est pourtant qu’à partir des années 1960 que certains architectes font des formes gonflables un outil critique pour renverser les normes traditionnelles de l’architecture.

L’apparition des plastiques plus rigides et hermétiques leur permet de concevoir des projets de logements, des pavillons d’exposition ou encore des villes entièrement extensibles.

L’exposition Structures gonflables, organisée par A.J.S. Aérolande en 1968 au Musée d’art moderne de la Ville de Paris, fait le point sur l’avancée de ces technologies et leur adaptation à l’habitat. Les constructions pneumatiques sont constituées de deux éléments : une enveloppe et de l’air comprimé.

Leur stabilité est déterminée soit par une différence de pression entre l’intérieur et l’extérieur, soit par une enveloppe s’apparentant à l’armature d’un bâtiment où la charpente serait substituée par des éléments rendus rigides par l’air comprimé. Le rêve d’une architecture peu onéreuse, modulable et éphémère devient réalité.

Jean Aubert Un podium itinérant pour 5.000 spectateurs
Projet / 1966-1967 Haut : Vue perspective, 1966
Encre de Chine, crayons de couleur, mine de plomb, pastel sur pelure rose montée sur une feuille volante d’un carnet à dessin Verso, stylo rouge / 21 x 27 cm
Bas : Panneau 5, juin 1967 Tirage gélatine, rehaussé d’aquarelle, encre et photographie / 83,4 x 243 cm
© A.J.S. Aérolande / Photo © G. Meguerditchian – Centre Pompidou, MNAM-CCI / Dist. RMN-GP

3.     HABITER GONFLABLE

Les années 1960 marquent la naissance de la culture pop et de la société de consommation. Défiant les industries culturelles et ignorant le fonctionnalisme, de jeunes architectes et designers font valoir des idées novatrices pour présenter d’autres modèles de société.

Ils abandonnent la durabilité du design et préfèrent l’usage du plastique : consommable, ludique, léger et transparent.

L’idéologie du jetable commence à s’imposer ; les designers doivent susciter la demande,

et non plus répondre à un besoin. Diffusé à grande échelle, le mobilier gonflable pénètre les intérieurs. Les nouvelles formes rondes aérodynamiques confèrent aux propriétaires de ces meubles une image moderne, en phase avec la technologie de leur époque, d’ailleurs inspirée de la conquête spatiale.

Déclinés en fauteuils, canapés, tables, suspensions, les gonflables portent des couleurs vives et deviennent emblématiques de cette génération en quête d’un habitat modulable et plus populaire. Ces environnements plastiques constituent le lieu d’une réflexion critique qui, aujourd’hui encore, fait référence.

A.J.S. Aérolande, Pouf Tore, 1968 Polychlorure de vinyle (PVC), tissu floqué 32 cm / Diamètre 45 cm © Aérolande / Photo © G. Meguerditchian – Centre Pompidou, MNAM-CCI / Dist. RMN-GP

4.     INVESTIR L’ESPACE PUBLIC

L’espace public devient, dans les années 1960, le lieu privilégié d’une critique institutionnelle, face au sentiment d’incapacité à agir sur la ville. Las d’un modernisme fonctionnaliste,

les architectes « radicaux » s’allient aux artistes, philosophes et sociologues pour explorer les rapports de domination que la ville perpétue.

Dans un dialogue avec les pratiques artistiques qui tendent à sortir du musée pour investir la ville, ils proposent des opérations participatives qui renversent les conceptions de l’espace public et privé : il doit désormais être possible de dormir, travailler, se détendre à l’extérieur grâce à la membrane protectrice du plastique.

L’irruption des gonflables dans la ville permet de donner de la visibilité à ces pratiques contestatrices ; faciles à monter, peu onéreux et spectaculaires, ils proposent une nouvelle expérience de l’espace urbain. Dans le sillage des grandes rencontres hippies, l’architecture se fait événement et expérience à vivre. Bien qu’éphémères, ces constructions de l’air ont permis de redéployer les valeurs de l’architecture, celle d’un rapport au corps, à la mesure, à l’environnement et à l’habiter.

Haus-Rucker-Co, Mind expander 1, 1967 Polychlorure de vinyle (PVC) et polyester armé

210 x 140 x 160 cm

© Haus-Rucker-Co / Photo © G. Meguerditchian – Centre Pompidou, MNAM-CCI / Dist. RMN-GP

LE CENTRE POMPIDOU MÁLAGA

Depuis son inauguration en 2015, le Centre Pompidou Málaga invite son public à faire l’expérience du Centre Pompidou à travers la richesse de sa collection, l’excellence de sa programmation et le croisement des disciplines artistiques.

Première implantation à l’étranger de l’institution française, le Centre Pompidou Málaga a accueilli plus de 500 000 visiteurs depuis son ouverture, un chiffre déjà record pour cette ville Andalouse de 600 000 habitants.

Le Centre Pompidou Málaga et son bâtiment iconique « El Cubo », revisité par l’artiste français Daniel Buren, sont ainsi devenus le symbole incontestable de l’attractivité et du rayonnement d’une ville ayant fait le pari de la culture. Málaga compte désormais parmi les destinations incontournables du tourisme culturel en Espagne.

En février 2018, le Centre Pompidou et la municipalité de Málaga ont annoncé leur intention commune de prolonger leur partenariat pour une durée de cinq ans. Forts du succès du Centre Pompidou Málaga, Francisco de la Torre Prados, Maire de la ville, et Serge Lasvignes, Président du Centre Pompidou, ont signé un accord manifestant la volonté commune d’étendre ce partenariat fructueux jusqu’en 2025.

En s’engageant dès aujourd’hui dans le renouvellement de ce partenariat, les équipes travaillent d’ores et déjà aux futures programmations du Centre Pompidou Málaga : autour d’une traversée de l’art des 20e et 21e siècles – conçue avec les œuvres majeures de la collection du Centre Pompidou – seront proposé chaque année, des expositions temporaires, des manifestations de danse, des performances, des concerts, du cinéma, des conférences, des ateliers et programmes de médiation, pour tous les publics, et en lien avec la scène artistique locale et espagnole.

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